
Par Pietro Basso, membre de la rédaction de Cuneo rosso, Marghera (Venise)
[https://alencontre.org/europe/italie/litalie-apres-les-elections-du-4-mars-inconnues-et-certitudes-i.html]
Le 4 mars a mis fin à la Deuxième République italienne. Cette dernière a vu le jour en 1992, avec la Loi de finances du président du Conseil des ministres Giuliano Amato [1], qui coûta 92’000 milliards de lires [2] aux salarié·e·s. Elle a pris fin avec les gouvernements du Parti démocratique (PD) de Matteo Renzi et Paolo Gentiloni [3], qui ont d’abord institutionnalisé la précarité structurelle du travail, puis ils l’ont étendue avec les stages estudiantins pratiquement gratuits. Entre deux, il y a eu une décennie marquée par Silvio Berlusconi [4] à la tête du gouvernement et la grande crise de 2008, qui ont ouvert la voie à la loi dite Fiscal compact [5] de 2012-2013, à l’introduction de la norme de l’équilibre budgétaire dans la Constitution et à la brutale contre-réforme des retraites (Loi Fornero) [6]. Pour les salarié·e·s, cette période représente un quart de siècle de sacrifices à répétition et de perte d’acquis, ayant généré un mal-être social diffus, que l’on peut qualifier d’aigu pour les plus jeunes et pour Italie du Sud.
Ce mal-être s’est exprimé de trois manières, lors des élections du 4 mars dernier. D’une part, par la croissance des abstentions, qui ont atteint le 27% (15% en 1992), en particulier parmi les jeunes votant pour la première fois et parmi les salarié·e·s qui votaient habituellement pour le PD. D’autre part, par la punition des deux partis qui jouaient le rôle de piliers de la deuxième République: Forza Italia de Berlusconi et le Parti démocratique de Renzi. Et enfin, par le succès du Movimento 5 Stelle [M5S, Mouvement 5 étoiles] et de la Lega [Ligue], vus comme de «nouvelles» [7] forces aptes à changer le cours des choses en positif. Continua a leggere L’Italie après les élections du 4 mars: inconnues et certitudes